Vous ne pouvez pas empêcher les oiseaux de la tristesse de voler au-dessus de vos têtes, mais vous pouvez les empêcher de faire leurs nids dans vos cheveux.

– Proverbe chinois

Je sais tu te dis que ce titre est un peu racoleur ! Détrompe toi je ne suis pas de ceux qui tentent d’écrire pour le sensationnel ou pour essayer en vain de trouver du réconfort. J’ écris ma vérité, mon histoire sans artefact, sans pathos… pourquoi fais-je ça me demanderas-tu ?

Vaste question là encore ! Je ne sais pas si je connais réellement la réponse à l’heure ou j’écris ce texte… mais ne te perd pas à en chercher le sens, cela fait partie de ma propre psychanalyse… pas de la tienne !

Il était une fois un homme, pour qui, il semblait que la vie avait souri. Tu sais ce genre de type qui a une jolie femme, de jolis enfants, une belle maison avec piscine, un bateau, une voiture de sport…. Des entreprise florissantes… la belle vie !

La belle vie, oui – sur le papier – ou à contempler de l’extérieur. Souvent tu regardes comme ça de loin et tu convoites cette vie, ce rêve qui te parait inaccessible et tu te dis pourquoi lui et pas moi ? Méfie toi, les apparences sont parfois – souvent – trompeuses ! Garde cela bien ancré en toi, tu ne sais jamais comment vivent ces personnes dans l’intimité, si ils sont vraiment heureux ou si tout çà n’est pas en fait qu’une grande et vaste mascarade… !

A y regarder de plus prés je peux te l’avouer maintenant, ma vie était devenue ma prison dorée, celle qui te rend encore plus triste chaque jour. Etrange sentiment non ? Tu as tout, tu ne manques de rien et pourtant tu es de plus en plus triste chaque jour. Tout se passe comme si, plus tu valides les artefacts du bonheur et plus ton niveau de mal être augmente. D’autres eux n’ont rien et doivent lutter pour subsister. Putain de vie, elle est injuste – ou pas – chacun sa croix !

Ce qui est drôle, c ‘est que tu sais que tu n’es pas heureux, voire très malheureux mais tu n’as pas le déclic, tu te dis que c’est comme ça… c’est toi le problème. Le problème est en fait bien plus profond, ce n’est pas toi mais ta pensée compulsive, ce mental sur-actif qui t’empêche d’être heureux !

Oui j’ai pensé à mourir – pour être tout à fait exact j’ai pensé à me donner la mort – tant de fois ! Pour que tout s’arrête, l’espace d’un instant, juste obtenir un peu de répit. Que tout s’arrête, c’est le déclencheur de cette triste pensée, le signe que tu dois déceler, celui qui te dit attention tu es submergé par tes émotions – STOP- tu as besoin d’aide maintenant.

Cette pensée – le suicide, nommons le – ne devrait même pas effleurer l’esprit d’un être normalement constitué, père de 3 enfants ! Mais d’autres l’ont fait, alors pourquoi pas moi ? Pourquoi ne pas enfin arrêter tout çà, arrêter cette mascarade… trouver la paix !

Tu vois en écrivant ça aujourd’hui je ne me peux m’empêcher de me dire mais quel gros con tu es ! » Comment as-tu pu l’espace d’un instant penser cela ? Comment as tu pu te rendre malade à ce point !

Ça fait parti de ton chemin, de ton expérience de vie. Si tu arrives à dépasser cette épreuve alors tu en ressors grandi ou simplement différent. Car pour arriver à passer ce cap – qui est d’ailleurs bien plus profond que le simple fait de vouloir se donner la mort – le burn-out, la dépression, tu es obligé de commencer un travail sur toi même. Te poser les bonnes questions, t’accepter et te pardonner pour repartir ensuite sur des bases saines. Ce n’est pas ton être que tu dois tuer mais ton ego.

Je me vois encore, rentrer du boulot au volant de ma Porsche rutilante, me garer devant ma sublime maison et aller m’asseoir dans mon jardin, face à ma piscine en larmes. Tous ces soirs, la même tristesse me submergeait à un tel point que je me dégoûtais.

« je ne mérite pas tout ça »… je ne suis pas heureux… non… je suis profondément malheureux….

C’est le début de la fin, la maladie est déjà la , insidieuse, tu ne la vois pas. Elle te ronge de l’intérieur. Tu prends conscience que tous les matins tu revêts ton masque de « killer » et tu pars dans cette vie ou finalement tu n’es que figurant, certainement pas l’acteur principal.

Ce masque, c’est en fait le fusil du canon sur ta tempe. Si tu ne te suicides pas, ta tête lâchera à coup sûr.

Trouver la force d’arrêter tout çà, se jeter par dessus le Pont d’Aquitaine. A plusieurs reprises j’en ai pris le chemin, à plusieurs reprises j’ai rétabli la direction de mon bolide sur l’autoroute… jusqu’à ce jour ou j’ai préparé la corde.

Je n’ avais jamais été aussi loin, quelque chose m’empêchait de le faire, mais quoi ? Je ne sais pas… enfin si, mes enfants. Ce qui est étrange quand tu veux en finir c’est que tu sais le mal que tu vas faire à tes proches, tu sais que tes parents seront tristes car ce n’est pas l’ordre logique des choses, mais en vain, tu t’en moques ! Seul compte ton mal être.

Cette fois s’en est trop, je suis à bout, au bout de l’histoire. J’ai essayé de m’en sortir mais je n’y arrive pas. Mes émotions sont exacerbées, à fleur de peau. J’ai essayé de me faire aider, combien de fois ai-je fais le déplacement jusqu’à la porte de l’hôpital psychiatrique… enfermez moi ! Je suis dangereux, je vais me faire du mal. Mais cette conscience, celle qui est ta force est aussi ta faiblesse parfois, c’est elle qui m’empêche d’aller me faire soigner. Encore trop d’ego !

Ce jour là je suis seul dans mon hangar, la température hivernale a raison de mon moral, la solitude aussi peut être. Mon Vipassana dure depuis presque 2 ans !

J’allume la musique qui résonne dans ce grand bâtiment froid, je prépare un magnifique noeud coulant, accroche la corde et çà y est nous y sommes … la délivrance est enfin là.

Je suis pris d’un tremblement si profond que je ne peux quasiment plus marcher, je frissonne, je tombe. Comme si quelque chose – en moi – m’empêchait de réaliser mon dessein. Je me traine jusqu’à la douche insalubre, allume un semblant d’eau chaude, et reste assis, prostré en larmes. De longues minutes, heures, je ne sais plus.

Tellement las, vidé, je reporte mon projet.

Au fond je suis une bonne personne, en fin, j’imagine être une bonne personne, même si beaucoup de mon entourage du passé ne partage pas cet avis et m’ont laissé là, tomber petit à petit dans le caniveau. Alors je me dis peut-être que le problème n’est pas exclusivement qui je suis… s’il m’ont laissé c’est probablement que nos chemins ne devaient pas se poursuivre ensemble…

Et puis il y a les signes de la vie, tu sais ces signaux qu’elle t’envoie, ces signaux que tu dois absolument apprendre à voir et à décrypter, car oui, la vie te récompense toujours pour les efforts que tu entreprends afin d’essayer d’être une meilleure personne !

Dans l’immensité de mon taudis, la sonnerie de mon téléphone résonne … avec insistance une, deux… de nombreuses fois ! Je finis par répondre… c’est Bernard, mon ami, celui sans qui aujourd’hui je ne pourrai témoigner de cette tranche de vie. Pourquoi lui, pourquoi maintenant ? Je n’ai toujours pas la réponse… une chose est sûre MERCI LA VIE !

L’échange est bref, je suis submergé par la peine, la noirceur. La tristesse est tellement ancrée en moi que je ne peux parler… j’essaie de donner le change, ne pas montrer ma faiblesse. Mais force est de constater qu’elle est perceptible pour un ami proche. Nous raccrochons.

Moins d’une minute plus tard, le téléphone… encore… toujours lui… Sa tristesse est aussi perceptible maintenant de l’autre côté du combiné… tu commences à saisir le mal que tu es capable de faire à tes proches … ses mots sont réconfortants, touchants…

« Sam, tu quittes ton hangar de suite, je t’envoie un billet de train, prends ta valise, viens à Paris… chez moi, c’est chez toi. Viens le temps qu’il faut… »

Le temps qu’il faut ! Ce temps à duré plus d’une année, nourrit, logé, blanchi, choyé… sans jugement, sans interrogation, sans mépris. Tout ce temps à essayer de se reconstruire, essayer de comprendre qui je suis vraiment, me réparer … tout ce temps à nourrir mes enfants, être bienveillant … je n’ai même plus de mot pour t’expliquer l’infime gratitude que je peux ressentir à son égard.

J’ai compris quelquechose de profond, un dogme essentiel de la vie… souvent tu essaies d’aider autrui, tu descends du trottoir dans le caniveau, tu lui tends la main, mais souvent, il ne veut pas être aidé. Alors tu reprends ton chemin le laissant là… tu ne peux porter toute la misère du monde. Alors oui, j’ai compris pourquoi certains m’ont « laissé »… je ne leur en veux pas, cette colère est passée.

Et puis il y a ceux de ton cercle proche, pas 10, pas 20 personnes, ces quelques uns qui ne te laissent pas. C’est d’ailleurs à çà que tu reconnais la valeur de l’être, la valeur de ce que l’on nomme réellement un ami ! Oui, celui-ci il descend dans le caniveau, mais ce n’est pas la main qu’il te tend, il te porte sur son dos, et reprend le chemin. Il ne te laisse pas tant que tu n’es pas capable d’avancer seul, il te porte, il te soutient, il te pousse !

Si tu as déjà ressenti çà, tu es comme moi, tu as une chance incroyable. La chance que la vie t’aie proposée cette épreuve … pour réaliser, comprendre.

Et crois moi lorsque tu connais ce sentiment, tu n’es plus que bonheur, bienveillance et amour envers les autres, peu importe qu’ils soient bons ou mauvais, l’essentiel est que tu sois bon, toi, que tu redistribues cet amour, cette puissance que tu as acquise au fil des épreuves !

La vie te récompense te disais-je ! Petit à petit, elle t’offre de nouveaux moments, tu reprends le chemin… et comme par magie, tu reçois de belles énergies d’autrui… tu rayonnes tellement, tu distilles tellement de joie, que ta relation aux autres change. Ceux que tu ne connais pas t’aident sur ton chemin, il te portent l’espace d’une rencontre… à ceux la je veux dire merci !

Et encore d’autres, très peu rentrent dans ce cercle d’amis, ceux qui se tailladeront les veines pour toi, pour certains, je t’en ai déjà parlé ici… pour d’autres un jour viendra !

Tu vois, je ne veux pas ici te faire l’éloge d’un suicide raté, ou encore essayer de t’apitoyer sur ma triste vie passée. Nous avons tous nos problèmes du quotidien. Ces problèmes que l’on pense être insurmontables, nous avons tous nos moments de faiblesse, nous avons tous a un moment ou à un autre le sentiment que tout ce que nous faisons ne nous ressemble pas. Sois honnête avec toi, n’as tu jamais eu l’espace d’un instant ce sentiment ?

Ne sois pas faible comme j’ai pu l’être, bats toi… ne te laisse pas submerger par tes émotions ou tes peurs… prends le bon chemin, change de cap maintenant !

Si par moment tu as envie de baisser les bras, t’allonger et te laisser partir, tu n’en as pas le droit ! Apprends de tes erreurs, ne te flagelle pas… elles sont de formidables opportunités ! Elles te permettent de grandir, de comprendre, de re-orienter ton chemin… il faut se forger sa propre expérience, errer, passer de cul de sac en cul de sac… et enfin, la route s’ouvrira, car tel l’explorateur, un jour, la découverte sera magique !