May your adventures bring you closer together, even as they take you far away from home.

– Trenton Lee Stewart

5000kms et 10 jours de voyage plus tard, me voilà arrivé à Wyndham – East-Kimberley et plus précisément, à Diggers Rest Station.

Encore un de ces paris un peu fou, traverser l’Australie du Sud depuis Esperance, au Nord, mais pas comme tu l’aurais probablement fait. Non, par l’intérieur, par les « remote roads », ces routes sur lesquelles personne n’habite, personne ne voyage, et pour tout te dire, ces routes qui te mettent seul face à ta conscience. Ici pas de bullshit, tu dois penser d’abord à ta survie en cas de problème – dans  ces zones exemptes de tout réseau téléphonique – et non pas à faire de jolies photos instagrammables.

Le moindre souci peut te coûter la vie si tu n’as pas pris un minimum de précautions. Je ne vais pas te raconter ce périple ici en détail, sache simplement que j’ai emprunté des « dirt-roads » ou des pistes, traversé des villages fantômes, que j’ai parcouru parfois plusieurs centaines de kilomètres sans croiser une voiture ou un être humain, que j’ai vu de nombreux serpents, araignées et quantité d’autres animaux extrêmement hostiles, que j’ai dormi seul dans l’immensité au milieu de nulle part, où le silence si apaisant devient aussi pesant ! Bref, je ne suis pas un super héros, j’ai écouté les conseils, et surtout, surtout, je n’ai pris aucun risque. Pas facile de poser ta tente à même le sol, alors, il est vrai, parfois – souvent même –  je dois te l’avouer, j’ai dormi dans la benne de mon Ute !

Pas de digression ici, si tu as déjà mis les pieds sur le continent australien, tu vois certainement de quoi je veux parler, si non, et bien, tu es comme moi, tu accroches « tes couilles » à ton cou et tu fais preuve d’humilité !

Plus j’avance, et plus je comprends que cette vie « Up north » n’est pas si facile, je commence à comprendre également, pourquoi ces gens semblent être plus rudes, non pas rustres – quoique – et avec des « manières » pour le moins plus que douteuses pour les petits européens que nous sommes, encore plus pour le petit « bourgeois » que j’étais devenu !

Oui, il faut que tu saches qu’ici, tu éructes à tout bout de champ, après un café, un repas, une bonne bière ou encore tu lâches des « caisses » sans te soucier de quelconque bienséance, ni même de ton entourage.

Bien sûr, tu ne t’excuses jamais, c’est presque de bon aloi que de le faire. Petit bourgeois je fus, petit bourgeois je peux encore être, mais tout çà ne me choque pas. Dans mon trou miteux, mon hangar insalubre, sans eau, sans chauffage, sans rien, avec mes potes zonards, dans le trou du cul de la France c’était du pareil au même. Mais bon, tout çà pour te planter le décor. Ici les gens sont bruts de décoffrage. Un peu comme si le temps s’était arrêté.

C’est rude ici, très rude, mais c’est foutrement vrai, çà ne ment pas, pas de place pour çà !

Je ne veux évidemment ni me moquer, ni dévaloriser ou encore moins juger ces gens des provinces du nord, bien au contraire ! J’ai tellement appris d’eux que je leur en serai redevable et reconnaissant pour très longtemps. Cette vie à l’australienne, c’est ce que je qualifie de « Wild Aussie life », tout comme beaucoup d’australiens s’accordent à le dire. Si tu ne l’as jamais expérimentée, je suis au regret de te dire que tu connais pas l’Australie, tu ne peux pas tout à fait comprendre cette culture australienne et encore moins ses coutumes, tout du moins ici dans le Western Australia.

Ils sont accueillants comme tous les australiens, mais ici encore plus qu’ailleurs, les mots ont un sens, et comme tous ces gens de la terre, bien souvent ils en sont avares.

Diggers Rest Station – Wyndham – East Kimberley. C’est au bout d’une dirt-road d’une bonne cinquantaine de kilomètres que j’arrive devant le portail de cette Station, à environ 1h de route du village (890 habitants) et 150kms de LA ville la plus proche Kununurra (6000 habitants). Je te laisse imaginer les environs, rien, des montagnes, de la plaine, de la poussière – beaucoup de poussière – et, du bétail !

Il faut que je te précise ce qu’est une « Station ». Imagine la plus grande des plus grandes fermes que tu n’aies jamais vu en France, et bien une Station, c’est encore immensément plus grand, une « huge » ferme. Celle-ci, Diggers Rest Station s’étend sur environ 180 000 acres, le bétail quand à lui pâture sur presque 500 000 acres. Je te laisse faire les comptes tout ça me fait mal à la tête !

La question est assez légitime, tu vas me demander comment je me suis retrouvé ici ? Simple, COVID-19 sévissant, les frontières entre états sont fermées en Australie, les voyages intra-state très réglementés. Ma seule opportunité pour pouvoir me déplacer ou plutôt voyager en Western Australia est de trouver un job. Chose faite à l’autre bout du pays, où plutôt de l’état. Je ne sais exactement qu’elle sera ma mission à ce moment, mais qu’à cela ne tienne j’y vais. Je serai un Helper ou un Woofer, comme tu veux, je ne suis donc pas payé, mais nourri, logé et blanchi en échange de mon temps de travail

Wyndham est la ville la plus chaude d’Australie avec une température moyenne annuelle de 36 degrés. Les hivers y sont très chauds et coïncident avec la saison sèche. Le Kimberley, ce joyau de l’Australie est donc une destination très prisée ! Mais, le Kimberley est aussi une zone sensible. Je m’explique, où vivent de nombreuses communautés aborigènes. Cette partie de l’état est donc complètement fermée aux touristes étrangers ou aux vacanciers australiens, afin de les protéger au mieux.

C’est donc malgré cela, comme un véritable privilégié que je peux y accéder et profiter d’une solitude encore plus exacerbée qu’à l’accoutumée !

Faible réjouissance, car cette partie du Western Australia a probablement souffert le plus de la crise sanitaire. Tout y est fermé, pas de touriste, et les restrictions sanitaires drastiques à appliquer ne permettront probablement à aucun des sites touristiques de re-ouvrir cette année.

Ici donc, c’est le paradis si tu aimes les animaux, le bétail, les chevaux, les chèvres, les poules … l’auto-suffisance, la solitude, et surtout te ressourcer ! Diggers Rest Station jouit d’ailleurs d’une très forte notoriété internationale auprès des passionnés de trek à cheval.

Pourquoi ? Probablement parce que Roderick fût l’un des pionniers de cette activité il y a presque 45 ans – rejoint par Alida son épouse, une vingtaine d’année en arrière – faisant de sa passion son – leur –  métier.

Ils aiment les chevaux, c’est sûr ! Ils en prennent soin. Ces chevaux omniprésents autour de la maison, cavalant en liberté pour ceux qui « travaillent » encore. Ce lien qui les unie n’est pas uniquement une relation de simple travail. C’est d’ailleurs si touchant de croiser en plein milieu de nulle part à des heures de route de la maison des hordes de chevaux, non pas des brambies – ces chevaux sauvages australiens – mais leurs chevaux, les retraités, revenus à une vie un peu plus sauvage ! A chaque fois que nous croisons ces anciens compagnons de route, Roderick a le même rituel, il s’écarte de la piste balisée, s’approche d’eux, leur adresse des mots doux, fraternels, plein de compassion, d’affection, et les salue par leurs prénoms, un à un.

Témoin privilégié de ces moments, je peux te l’affirmer, s’il n’aime pas les chevaux, il les adore.

Alida et Roderick connaissent leurs terres immenses sur le bout du doigt, en ont fait des terres d’aventures pour les mordus d’équitation et de horseback ridring, y proposant depuis des décennies des périples de plusieurs jours en autonomie ! Voilà, ici tu peux vivre la vie de cavaliers ou de « cow-boys » à l’image de tout ce que tu as pu voir dans les western d’antan ou encore lus ou vus dans les BD telles que Lucky Luke !

La vraie vie de cow-boy australien ! Probablement. Mais n’oublies pas – jamais – car c’est une idée un peu surfaite à l’européenne que dans le mot « cow-boy », il y a « cow » !

Tu ne passes donc pas tout ton temps à cheval ou au saloon.  Tu dois aussi prendre soin du bétail, un travail de « paysan » à la française ! A ceci prés qu’ici l’entretien des clôtures est un travail de tous les jours. Au volant de ton ute, tu parcours des dizaines de kilomètres, plantes des piquets, répares des barbelés, vérifies les pompes à eau… chasses les dingos – prédateur du bétail – et puis le temps venu, tu rassembles les bêtes, tu marques, tu castres, tu tries, tu coupes les cornes,  tu charges et décharges du bétail dans les camions de transport – ou road-trains – , bref tu l’auras compris tout çà à la démesure de l’Australie !

Et c’est précisément à cette époque de l’année que je suis arrivé à Diggers, pour le « mustering », le grand rassemblement des bêtes une fois par an, la « grand messe », à grand renfort de moyens humains et materiels . Là encore, désolé de jouer à l’instituteur te faisant des explications de texte à tout bout de champ. Mais il est important de comprendre de quoi nous parlons. Peut-être sais-tu ce que c’est si tu vis en Australie, mais pour le lambda que je suis, que nous sommes, l’explication fait sens vu de plus de  15000 kms dans le confort de notre Europe !

Aussitôt arrivé je suis dans l’ambiance Alida & Roderick les propriétaires sont adorables. Tout transpire la ruralité. Pas de quiproquo ou de malentendu, je suis comme eux, issu de cette ruralité française, qui parfois m’a temps pesé. Mais tu ne peux jamais renier tes racines, alors souvent tu as besoin de faire un saut dans ce que tu penses connaitre le mieux ou dans cet inconnu qui l’est finalement un peu moins. Entre les toiles d’araignées ou la poussière, tout pourrait ressembler à un décor de cinema.

diggers rest station kimberley

Au homestead, tout est en harmonie, comme si tu avais essayé de recréer une ambiance western, sauf qu’ici tout est vrai ! L’accumulation de tous ces objets au fil du temps, de cette vie, contribue à constituer cette atmosphère qui fait que tu t’y sens si bien. La grande cuisine commune, les grandes tables, les hamacs ou encore les canapés sont autant de lieux de vie qui te donnent envie de partager. De partager une histoire d’antan, de partager une discussion du moment, un éclat de rires, un café, une sieste… enfin je pense que tu me comprends, ce n’est pas cosy au sens ou tu peux l’entendre, ici ce n’est pas un hôtel 5* luxe, mais c’est vrai, authentique, c’est « comfy ». Au delà du lieu, Alida & Roderick incarnent cette vie. Tu es chez eux, avec eux.

Logé. Alida m’accompagne au homestead, je ramasse un matelas, des draps… et déjà mes premiers pas dans la poussière, dans la rudesse… toi, le citadin, tu qualifierais cet endroit de sale… non, çà ne l’est pas ! La terre, la poussière, les insectes et les serpents font ici partis de la vie, tu ne peux t’en défaire, jamais !

Après 10 jours sur la route, je peux te garantir que la simple pensée de pouvoir prendre ne serait-ce qu’une douche – chaude – tous les jours me mettait en joie. Ma chambre ou plutôt, ma « Bush Hut  » est un petit module en bois, sans cloison, uniquement entourée de filets denses, un genre de moustiquaire en plus solide. Ma salle de bains extérieure  comporte l’essentiel. Malheureusement pour moi si le mitigeur est bien équipé d’un robinet d’eau chaude, le tuyau n’ est pas relié. Il faudra faire avec mon ami !

Spartiate, oui. Mais quelle vue à 360° sur l’immensité du Bush et les rangers avoisinantes ! Pas de pollution visuelle, pas de pollution sonore, avec pour seuls compagnons les Wallabies qui déambulent au crépuscule. Alors 5* luxe, non c’est sûr, 6* ? Assurément !

J’attrape le balai écarte la poussière, les toiles d’araignée et prends possession de mon nouveau chez moi. A y regarder de plus prés, tout çà est presque terrifiant. Pas de mur, pas de cloison, un sol qui laisse entrer tous les insectes possibles, pour seule « protection » une moustiquaire. Et pourtant déjà en plein jour tu commences à imaginer les nuits ici, le soleil couchant, rasant les montagnes au loin, le champ des oiseaux ou encore la vue des Boabs au loin.

Parenthèse s’il en est, je sais que tu vas me reprendre, « on ne dit pas Boabs mais Baobabs ». Comme toi j’ai posé la question, et la réponse vu cinglante, à l’image du patriotisme australien; si fier du « Australian made ».

Ce sont bien des Boabs, ils sont différents de tous les autres Baobabs dans le  monde. Sais-tu pourquoi ? Car ils sont australiens !

Tu n’en verras nativement qu’ici dans le Kimberley, et l’histoire raconte qu’ils y sont arrivés au grés des vents et des courants océaniques. Des graines charriées par la nature depuis l’Afrique du Sud, qui se trouve sur les mêmes latitudes que le Kimberley.

Pas de chichi, pas de rond de jambes, te disais-je, tout le monde met la main à la pâte, évidemment dans la bonne humeur et la tendresse ! Oui tu vois, en écrivant, c’est ce mot qui me vient à l’esprit, la tendresse. Ce sont des gens qui vivent dans des conditions extrêmes, qui travaillent dur, mais qui donnent tout, sans compter ! Ils t’ouvrent leur maison, ils t’ouvrent leurs vies sans la travestir, ils ne se plaignent pas, jamais. Ils ont embrassés cette vie, ils en sont heureux, et j’allais ajouter ils t’ouvrent leurs coeurs !

C’est une vérité. Si tu me lis, tu le sais maintenant, je ne peux vivre qu’ainsi, donner le meilleur de moi-même uniquement pour des personnes qui sont authentiques, pour lesquelles l’amour des uns et des autres est réciproque. Alors oui, ils m’ont ouverts leur coeurs, car même si aujourd’hui je suis reparti dans une vie plus citadine à Perth, je garde un contact privilégié avec eux. J’ai plaisir à suivre leurs aventures  au travers des réseaux sociaux, j’ai plaisir à imaginer que là-haut je peux compter sur des gens en cas de besoin, et, qui pourront également compter sur mon aide s’ils m’en font la demande.

C’est aussi çà l’Australie, des histoires d’Homme – comme partout me diras-tu ! – oui comme partout, mais ces histoires je suis encore plus heureux de pouvoir les vivre dans ce qui est devenu au fil du temps mon pays « de coeur », celui certes que j’ai choisi. Cependant parfois tes choix se révèlent ne pas être à la hauteur de ce que ton vilain esprit à pu échafauder comme plan sur la comète.

A te dire vrai ce fût le cas durant quelques mois, puis tout à basculé. Confidences pour confidences, ces personnes, ces rencontres (Nath, Tom, Jim, Carmel, Mitsuko,  Glen, Jordan, Tia…), cette expérience loin de tout, et le Kimberley, ont à jamais transformé ma vision de l’Australie et de ces habitants.

D’ailleurs, et tant pis, je donne ici la conclusion de ce récit, jamais plus, jamais plus tu m’entends, je ne verrai l’Australie du même oeil.

Jamais plus je ne camperai sans penser à mes acolytes du nord, jamais plus je ne camperai de la même manière d’ailleurs. J’ai tellement appris sur la manière de vivre le Wild, d’appréhender la nature, de vivre l’isolement et l’éloignement.

Si parfois l’Australie m’effrayait pour ces mêmes raisons, aujourd’hui elles sont celles qui me font l’aimer encore plus…. Va comprendre !

Je te disais précédemment , si tu n’as pas vécu cette expérience, tu n’as pas vécu l’Australie ! Je n’essaie pas de m’en convaincre, c’est une vérité. Je reste aussi persuadé que beaucoup d’australiens ne connaissent pas non plus cette vie, qu’ils vivent à la « mode australienne » sans en connaître les clés ou encore les secrets. C’est inné chez eux, et pourtant je m’aperçois bien souvent qu’il y a plus de mimétisme que de connaissance de l’art de vivre dans l’outback. Car oui, le bush, le vrai, le sauvage, c’ est un art de vivre !

Digression, désolé je pense que çà devient ma patte ! Je vais être tout à fait franc avec toi, ma première journée ici fut rude, très rude, à me demander même si je n’allais pas faire mon baluchon et repartir. Toute cette première semaine fut d’ailleurs ainsi.

4:30am – wake-up. Je suis un léve-tôt, mais là, çà pique un peu. Café et breakfast autour du feu. Il fait nuit noire, les « boys » – ces 4 aborigènes natifs des environs – ne se mélangent pas et ne me parlent pas. D’ailleurs les seuls moments où ils le font je dois la aussi te l’avouer, je ne pipe mot ! L’accent et la forme grammaticale… je ne suis déjà pas un surdoué en anglais, alors tu imagines bien. C’est assez étrange, ils enlèvent tous les mots dans une phrase pour ne conserver que le verbe et le complément, avalent les syllabes, à toi de deviner le reste ! Tu te dis qu’avec le coeur nous allons arriver à nous comprendre, s’ils ne m’en laissent qu’un tant soit peu l’accès !

On en parle du breakfast ? Pain, saucisses, bacon, oeufs… tout ce qu’il y a de plus traditionnel, et au passage de moins vegan ou gluten free… tu me comprends ?

Daylight, on saute dans les utes, ou plutôt dans la benne du ute – pour des dizaines de kilomètres sur des terres plus que cabossées. De temps en temps tout le monde s’affaire, le ute ralentit, on saute à terre et on répare les clôtures. Chacun connait son job par coeur… sauf moi ! Personne ne t’adresse la parole, tu es là debout comme un con. Parfois on te jette une pince ou un bout de barbelé « Hang on mate ! » Dur, dur et dur ! Voila mon sentiment du moment !

10:00am – smoko. Alors que la chaleur commence à être étouffante, arrive l’heure de la pause. Si je prends un coup de plus au moral en les voyant sortir de l’eski uniquement des rib-bones, je comprends aussi qu’ici, c’est la testosterone qui prime, tu prépares ta gamelle, tu ne penses pas à l’autre, ou plutôt, si tu veux survivre tu « pack » tes affaires, ton eau et tes provisions pour tenir la journée.

Pas grave, je sauterai à la corde, expression triviale s’il en est, mais qui reflète bien l’instant présent. Alors je dégaine mon appareil photo, Il faut bien passer le temps et le spectacle qui m’est offert paraît surréaliste !

Chacun trouve une place bien à l’ombre, d’un arbre, d’un buisson, ou encore du ute. Et c’est le ballet, chacun va commencer sa partition individuelle, tout cela dans un effort de groupe.  Le feu de camp est allumé, les belly-cans posées à même la braise – les bellycans, se sont ces pots en fer que tu remplis d’eau – et chacun sa cup a la main, prépare son café. C’est un rituel que je reverrai tous les jours, rituel, oui, les voir jeter 2 à 3 cuillères de café soluble dans leur cup, le diluer avec du lait et attendre que l’eau soit chaude pour finir la préparation de se qu’ils appellent un café. Du poison pour moi, mais c’est le Bush ici ! D’autres attendent que l’eau du second belly-can soit à ébullition, celui-ci servira à la préparation du thé – pas de tea bag ici, les feuilles de thé sont jetées à même l’eau. Curieux d’ailleurs de voir également ce qui est un rituel, il y jettent les feuilles de thé, remettent à chauffer puis au bout de quelques minutes ils tapent le pot sur le sol de manière à faire tomber les feuilles au fond. Le « Bush tea » est prêt ! Tu te doutes bien que le mot rituel n’est pas choisi au hasard, au delà de la pause café, la pause thé rime ici encore comme une messe « Cup of tea mate ? », les racines anglaises sont malgré tout très présentes.

Je dois aussi t’avouer que cette scène du repas fut assez déstabilisante. Au moment de manger plus personne ne parle, ne se parle. Chacun sort son couteau, découpe la viande fraîche à même la benne du ute, la jette sur les braises, part cueillir quelques branches de feuillages et attend. La viande ici se déguste non pas saignante mais très – trop – cuite, chacun ses gouts.

A quoi peut bien servir ce feuillage ? Aucune idée ? Moi non plus à cet instant. Et le ballet frénétique continue, rythmé, orchestré, mais toujours individuel. Ils retirent leur bout de viandes du feu, la dépose sur leurs assiettes 100%, Bush made – le feuillage – et retournent à leurs places, à l’ombre, assis ou allongés par terre dans la poussière, mangeant comme des animaux, croquant à pleine dents, suçant les os, s’essuyant les doigts sur leur t-shirts ou leurs jeans… de vrais carnivores !

Tout çà est si nouveau pour moi que j’essaie de les prendre en photos, des portraits de « barbares » sous cette chaleur de plomb. Ils tournent la tête, me font des signes de la main, « non » ou encore me tournent le dos.

Toi, tu le sais, je ne suis pas voyeur, non, je ne suis pas non plus à les regarder comme des bêtes sauvages, ces photos sont pour moi un une capture de ce « now », la vie brute, sauvage, telle qu’elle est réellement.

Autant te dire de suite, qu’une fois de plus je ressens que la tâche ne sera pour le moins pas facile voire difficile. Et pourtant, à force de travail acharné, aux mêmes tâches que les leurs, dans la rudesse de la chaleur et de la poussière ou encore de l’inconfort, sans jamais broncher, sans jamais la ramener, à observer, à faire comme eux, à devenir un des leurs, petit à petit leurs coeurs et leurs âmes se sont ouverts. Telles des bêtes « sauvages », nous nous sommes observés, reniflés le « cul » en quelques sortes, et nous nous sommes compris.

Je suis devenu un des leurs, pas un de leurs tribus, mais pour sûr, un membre de leur équipe. Un membre sur lequel ils peuvent compter en cas de coup dur. Alors petit petit le dialogue s’est ouvert, d’abord les enfants – nos enfants – puis nos vies, nos parcours respectifs, et chacun à écouter l’autre sans le juger, jamais.

Les jours passant, le travail met tout le monde d’accord, tu contribues avec le même effort, sans jamais te plaindre, sans jamais rechigner et comme par magie la porte de leurs émotions et de leurs  cœurs s’ouvre comme la boîte de Pandore ! Humble, altruiste et pas fumiste. Ces 3 mots m ‘ont permis d’accéder à leurs coeurs. Il n’y a pas d’ego dans ces 3 mots. Juste la passion. Celle qui m’anime, celle qui me motive à photographier l’autre, son regard, sa vie !

Alors, crois le si tu veux mais après quelques jours, ce sont eux qui veulent être pris en photos. Le rituel silencieux du café matinal tourne bientôt à la rigolade et au visionnage des photos de la veille. Ils me demandent même de les leur envoyer. Puis curieusement, ce sont eux qui me sollicitent, me demandant d’immortaliser nos scènes de vie, de travail, de camping sauvage ou leurs exploits de chasse !

Toujours pareil avec ces types ! Je les connais par coeur. Car au fond je suis exactement comme eux, rugueux sur les bords, sauvage à l’intérieur … et saignant à cœur !

Tu comprends aussi, que le coeur de notre relation est fondée sur le respect de l’autre, sur cette valeur ancrée au plus profond de chacun d’entre nous, cette valeur qui parfois est si profonde que nous l’oublions, cette valeur que j’aime à appeler « mon or ! ». Lorsque tu la trouves en toi, ou chez l’autre, après tant de labeur pour y accéder, elle ne cesse de briller, éternellement !

Après cette semaine intense, cette semaine durant laquelle nous nous apprivoisons les uns les autres, le temps est venu de lancer l’assaut ! Je les sens de plus en plus excités, excités à l’idée de partir se mesurer à l’animal, excités à l’idée de vivre leurs aventures, celles qu’ils raconteront plus tard, celles qui occupent leurs vies… là, dans le wild de cette Australie profonde.

D’ailleurs c’est une question qui revient souvent et que trivialement je leur ai posé. « Pourquoi rester ici, pourquoi continuer à faire ce métier ? » Byron, le plus jeune est mécanicien, il pourrait aisément trouver un job plus sédentaire, loin de tout çà et ainsi mieux gagner sa vie. Il ne le fait pas, par choix.

Sa seule réponse raisonne en moi, tout comme parfois elle doit le faire en toi « Je suis heureux ici, je vis dans la nature, je ne suis pas riche mais je suis heureux… le travail est difficile certes, mais nous avons le temps de contempler la nature, d’écouter le chant des oiseaux… ».

C’est une vérité, l’appel du consumérisme n’est pas entendu ici, même si parfois je te l’accorde un brin de technologie fait son apparition, mais à quoi bon, tout çà ne te sert à rien dans l’immensité et la poussière. Ta seule distraction est d’observer la nature patiemment et d’écouter le silence. Tout un programme ! Si tout çà parait être enchanteur, ce n’est pourtant pas si facile de le vivre au quotidien. Il faut une sacrée force de caractère ! Car tu  ne le sais peut-être pas, mais dans la solitude, tu es plus que jamais seul face à ta conscience, ce moment où tes démons viennent te hanter, ce moment, où seule ta force de caractère te sauvera, pas l’argent, pas la possession, pas l’ego, non ! Le bonheur fait peur parfois, et dans cette solitude tu en prends conscience, crois moi !

Ces « boys », comme ils aiment à s’appeler, m’ont ouverts encore plus les yeux. Comme à chaque fois, comme à chaque rencontre, une connexion, quelque chose de métaphysique.

Pour beaucoup ils ne sont que des aborigènes, sans manière, sans culture « blanche » ou encore des primates ! Oui je l’ai entendu tellement de fois ! Ça paraît d’ailleurs complètement irréaliste pour le coup au 21éme siècle et antagoniste à la fois. D’un côté, tu vois  l’aborigène comme le mal, s’il y a un vol, c’est un « abo », s’il y a des gens saouls ou drogués ce sont des « abo », s’il y a de la violence, c’est un « abo »… et pourtant pour faire bien aujourd’hui tu veux partager leurs cultures, découvrir leurs rites, leurs arts !

Je suis au triste regret de te dire que tout ce que tu as entendu sur les communautés, la drogue et l’alcool est vrai, mais ce n’est bien sûr pas une généralité. Au risque de choquer, il n’y a pas plus d’alcoolisme ou de consommation de drogues dans la communauté aborigène que dans la communauté blanche – certainement même l’inverse !

Ces peuples ont toujours vécu dans l’isolement, heureux de ce qu’ils avaient, heureux de vivre de la nature, au rythme de la nature, à la lire pour appréhender demain. Et puis le blanc, le colon est arrivé. Et comme à chaque fois, il a voulu opérer la théorie du grand remplacement, faire comme si toute cette culture, comme si ces gens n’existaient pas, en implantant et imposant sa propre culture, son mode de vie à l’occidentale. Alors ces aborigènes tu les as haï, massacré, exterminé, stigmatisé… et tu leur as aussi apporté  le pire des poisons, le consumérisme ! Tu as cassé leur mode de vie de l’isolement en construisant des villes, en imposant un mode sédentaire citadin. Bref, eux comme moi, comme nous, ne pouvons échapper à cette forme de progrès et voulons consommer aussi, comme les autres.

Alors les communautés qui étaient riches de rien, sont devenues pauvres de ne rien posséder, sont devenues pauvres de l’isolement. Tout ce qui faisait leurs forces est devenue une faiblesse.

Mon souhait le plus cher en arrivant en Australie était de pouvoir les côtoyer, les rencontrer. Je savais que je n’allais pas tomber dans les clichés de l’africanisme. Mais il y a les faits, il y a l’histoire, et il y a la vie. Ce que toi, le colon blanc, tu n’as pas pu leur voler, c’est leur identité, leur enracinement fort à la nature. Cette vie rude qui est inscrite en eux, dans leurs gènes depuis des générations, bien avant que tu ne viennes leur voler leurs terres ! Ne te méprends pas, je ne juge personne, je veux simplement être impartial et ne pas avoir peur de dire haut et fort que les aborigènes ont été volé, qu’ils ont été spolié ! Fort heureusement aujourd’hui les mentalités changent, probablement tardivement, mais comme j’aime à le penser tout commence par une fin !

Aux côtés de  Byron, Dennis, Brian et Tristan, je n’ai pas découvert à proprement parlé la vie aborigène, mais crois moi, j’ai pu comprendre leurs vies, cette vie d’isolement, cette vie si différente. Cette vie de coeur, cette vie communautaire. Tu ne fais plus qu’un, tu respectes l’autre, tu respectes et tu chéris l’autre, car ici plus qu’ailleurs le « swings and runabouts » est encore plus vrai.

Au risque encore une fois d’être rébarbatif ou encore de digresser, laisse moi t’en dire plus sur mes acolytes.

Byron est le plus jeune de la troupe, à peine 24 ans et déjà 2 enfants. Il est originaire de la Gibb, où il vit avec sa famille au sein d’une petite communauté d’une dizaine de maisons. La première ville est à 300kms. Lorsque tu connais la Gibb, cette piste off-road, probablement une des plus longues en Western Australia – environ 600kms – tu peux aisément imaginer que la vie y est paisible et pesante. Il est mon voisin de hutte, j’ai passé beaucoup de temps avec lui, à réparer son vieux Land Cruiser, à travailler avec le bétail, à discuter lors de nos longiues heures de trajet pour aller en ville. S’il est le plus jeune, il est celui qui aussi à déjà une grosse expérience, toute sa courte et déjà longue carrière, il l’a faite dans les stations. Travailleur acharné, cavalier émérite, il ne rechigne jamais à la tâche. Un bonheur de tous les jours, les mots sont comptés, mais les enseignements sont profonds. La chasse, les gestes du quotidien, se débrouiller avec rien dans l’immensité avec cette fougue de la jeunesse, il en  possède tous les codes.

Son « I don’t know, bro… » je l’entends encore souvent, comme une raisonnance en moi, à chaque question que je te pose pour mieux comprendre ta culture. Pas beaucoup de mots, alors il me retournait toujours cette même phrase, comme pour me dire, tais-toi, écoute, observe, apprends !

Dennis, lui, est le pur cow-boy. Rustre, rude et rugueux. Et pourtant, le plus sensible, le plus souriant lorsque tu sais atteindre son coeur. Toujours une histoire, toujours une anecdote de cow-boy, toujours de la musique country old school. Il est celui qui me met en garde sans cesse sur la vie dans la nature, m’apprenant le nom des fleurs, des plantes, me faisant goûter tel ou tel fruit du Bush, et me répétant inlassablement de ne pas m’approcher de l’eau. « Tu ne les vois pas, mais ils t’observent ! » me parlant des crocodiles. Up North, le crocodile est un des prédateurs de l’homme. Tu vis avec, tu le sais, tu fais attention.  Tous les gestes, il connait tous les gestes de la chasse et de la vie grandeur nature. Tu l’observes, tu essaies de faire pareil, et petit à petit, ce qui était de la rudesse devient du plaisir. Plaisir de jeter ton swag au milieu de nulle part, à même le sol, en te disant que tu auras pour seul spectacle la voie lactée et les étoiles filantes.

Dennis, c’est le rieur, le teacher. Dennis, c’est aussi celui que je comprends le moins, s’il parle vite, s’il parle naturellement, « what a fucking shit accent » ! Le mien est français, mais le sien est foutrement incompréhensible ! Pas grave, le temps faisant il fait des efforts pour me parler plus lentement, m’explique lorsque je ne le comprends pas… et surtout, il m’apprends les gestes ! Je retiens encore tous nos fou-rires au milieu de la poussière, manœuvrant les portes du yard « Quick ! » Ou encore « Jump in » !

Brian, c’est l’homme d’expérience. Le plus âgé, le local de l’étape, il vit à Whydam depuis presque toujours. Il est celui qui ressemble le moins à un aborigène, et pourtant celui qui parfois m’apprendra un mot de sa langue ou de son ethnie, je t’avoue que je ne sais pas bien quel vocable choisir. Le Pinjara. Malheureusement dans tout cet apprentissage je n’en ai que peu retenu de mot, seulement un « Paia guru » qui veut dire « all good ». Ce mot que j’ai appris à la toute fin de mon séjour de plus d’un mois avec mes copains de l’outback, après avoir chargé des centaines de panneaux de clôtures dans un camion, ou sans nous parler, Brian et moi travaillions de concert, en duo, en équipe, dans cette chaleur et cette poussière fil conducteur de cette vie. Avec un large sourire, lui qui du haut de son expérience est encore plus avare de mots, me lance ce « Paia guru » ! Pour être honnête, j’ai failli chialer, mais ça ne se fait pas ici !

Brian, c’est aussi celui qui m’apprend les gestes de la vie de cow-boy, il ne me demande pas de le regarder, il me montre, il m’enseigne. Brian, ce type en or, ce coeur énorme, toujours à me demander de le photographier, prenant la pause, cette putain de gueule de cow-boy, le clopiot toujours à la bouche.

Tristan, c’est la rudesse, je connais peu sa vie. Sa passion c’est la pêche, il part des jours seuls au milieu de nulle part. Il fait le vide comme pour oublier sa souffrance. Laquelle, je ne sais pas … probablement l’éloignement de son enfant…

Revenons au mustering. Cette fois encore, nous partons dés l’aube, après le traditionnel breakfast à la lumière du feu. Toute l’équipe s’affaire autour des chevaux… des chevaux ? Oui, je m’apprête à vivre un mustering assez incroyable. Imagine, les « bull catchers » – ces 4WD sortants tout droit d’un épisode de Mad Max – l’hélicoptère, ainsi que les chevaux pour conduire le bétail. Là encore, un mélange des genres tout à fait hétéroclite, à l’image de l’Australie ! Rien n’est commun, tout est un mélange de différentes cultures, finalement je pense que c’est ce que j’aime. Ce melting-pot géant !

Pour les australiens, ce grand ramdam annuel est tout ce qu’il y a de plus commun. Pour nous, béotiens, c’est un spectacle grandeur nature.

Daylight, notre convoi s’élance au travers des plaines. L’excitation te disais-je est palpable. Il faut voir les cow-boys, ils ont fières allures sur leurs destriers, jeans, boots, bandanas et leurs chapeaux far west vissés sur la tête – Australian made of course , un Akubra !

Ils galopent, s’élancent après le bétail et petit à petit, rassemblent le troupeau pour le conduire tranquillement de paddock en paddock jusqu’au cattle yard, enfin.  Mais, si excitation il y a, toute cette action se passe aussi dans le calme, dans la réflexion, les gestes sont précis et assurés. Car ici, les chevaux sont les rois. Le bétail est craintif, fougueux, alors chaque action est emprunte de minutie. Au moindre écart, c’est la panique, il suffit qu’une seule bête ne s’échappe pour donner le « LA » à toutes les autres. Et je peux t’assurer que si les moutons sont panurgiens, les vaches et Bulls le sont aussi.

De temps en temps, un cheval se lance à la poursuite d’un égaré ou encore d’un évadé. Les autres eux, patiemment, lentement et surement conduisent le troupeau. Et bientôt le « chopper » fait son apparition, dans le bruit et la poussière, il conduit les bêtes qu’il a rassemblé dans cette immensité. C’est incroyable de voir le pilote à la manoeuvre, il rase la cime des arbres, n’hésite pas à faire des figures de voltige pour contenir le bétail. D’un simple mouvement il guide le troupeau, récupère lui aussi un égaré ou part à la poursuite d’échappés. Du back trailer d’un  bull-catcher, agrippé aux arceaux, je voltige moi aussi dans tous les sens, mon appareil photo à la main, essayant de capturer cette folie qu’est le mustering. Je n’en crois pas mes yeux, les boys à dos de cheval, les bêtes, la poussière, les courses poursuites, les bulls… voila on y est, la vie sauvage !

Cette frénésie s’étend jusqu’à la nuit. Le pas des chevaux donne le rythme au bétail, qui avance dans le calme. Approximativement 1000 têtes sont conduites jusqu’au cattle yard. Le soleil disparait, mais nous sommes toujours là, dans la poussière virevoltante, le bétail s’agglutine dans le yard, les portes s’ouvrent, se ferment, ça beugle – fort, très fort d’ailleurs.

Les cow-boys pas peu fiers de cette première journée, s’assoient sur les barrières de l’enclos et regardent le bétail. L’ambiance est indescriptible, les couleurs orangées puis rouges – signe indicateur d’une chaude journée le lendemain. Sur les collines, la poussière qui vole au vent créant une sorte de brouillard coloré. Ils jaugent les bulls, car au fond c’est çà qui les intéresse, se confronter aux mâles en pleine puissance !

Ce soir, nous dormirons dans nos lits. Demain s’annonce être une journée aussi trépidante.

Daylight, one more time ! Les boys sont observateurs, nous sommes là, nous les novices, à faire attention à tous nos gestes, pour ne pas les décevoir, voire anéantir le travail que nous sommes en train de produire tous ensemble, comme une équipe. C’est le mot, comme une équipe qui petit à petit se forme.

Si le travail de mustering est intense, stressant ou encore long, le travail dans le yard est une autre paire de manches. Je m’explique. As-tu déjà vu des spectacles de rodéo ou des choses dans le genre ? Lorsque tu es béotien comme moi, ce job y ressemble à s’y méprendre, mis à part le fait bien sûr que tu montes pas sur les bêtes.

Je vais te passer ici les détails, sache simplement que pour « processer » l’intégralité de ce premier troupeau – oui je ne te le cache pas plus longtemps, il y en aura d’autres… – nous avons travailler 5 jours d’arrache pieds, sans répit !

Alors « processer », c’est quoi ? Imagine un immense yard, découpé en plusieurs sous-yards, un immense couloir permettant d’un côté de faire entrer le bétail vers un « sas » de triage, une sorte de grand rond comportant plusieurs portes. Tu vas vite comprendre, c’est assez simple. Depuis les sous-yards, et notamment celui d’attente, tu fais transiter le troupeau dans l’immense couloir conduisant au centre de triage. Inutile de de te préciser que ce triage s’effectue bête par bête… tu commences à comprendre… c’est long, fastidieux et tu dois travailler dans une cadence soutenue.

Des cow-boys poussent le bétail dans l’immense couloir, vers la première porte de triage. Chaque bête est ensuite orientée vers un autre yard au moyen d’une autre porte, qui elle va être comme toutes les autres, ouverte et fermée manuellement.  Je crois que je commence à te perdre ! Les bulls à castrer, les bêtes à marquer, celles à vendre ou encore les nourricières sont ainsi parquées dans des yards différents.

Je suis en charge de la porte des « Sale », les bêtes qui sont destinées à être vendues tout de suite ! Inutile de te dire que nous avons la pression, car tout va vite, très vite, et chaque mauvaise orientation coute de l’argent à Roderick, le propriétaire. Ce que nous faisons, c’est un peu comme la récole une fois par an. La tension est palpable chez chacun d’entre nous. Ouvrir, fermer, faire attention de ne pas prendre une ruade, activer le bétail qui ne veut pas avancer… éviter les cornes qui te frôlent à chaque fois que tu ouvres cette maudite porte, et surtout, surtout faire attention qu’une de ces traitresses ne viennent te charger alors que tu es de dos.

C’est intense. 5 jours plus tard, l’équipe est soudée plus que jamais. Nous avons tous fait nos preuves, nous marchons comme un seul homme. Et alors que j’imaginais en avoir terminé avec ce travail, Roderick et les boys m’annoncent que nous allons remettre çà dans quelques jours.  Ce ne sera pas la même chanson, car oui, cette fois-ci c’est le grand ramdam, 5 jours dans l’outback en autonomie.

Quand tu y penses, c’est juste fou ! Imagine, la scène. 15 personnes, une dizaine de chevaux, 2 camions de matériel, 2 bulls catchers, un ute, un trailer… c’est une petite ville qui se déplace ainsi !

Rien n’est au hasard, afin de ne pas perdre de temps, ce temps si précieux. Nous devons pallier à toute éventualité. Nourriture, matériel, premiers secours pour les humains et les chevaux, swags, tentes, réservoirs d’eau… j’en passe, impossible d’être exhaustif. La tension remonte d’un cran, l’excitation pour ma part, car je suis encore loin d’imaginer ce que l’on va vivre une fois de plus. Une semaine plus tard, nous avons consolidés le vieux yard à plus d’1h30 de route en voiture depuis la maison, achevé de préparer le matériel, le deuxième round peut commencer.

Daylight, le convoi se met en route. Ces images resteront gravées dans mon esprit à tout jamais. Notre lente caravane – un peu à l’image du Paris-Dakar – s’élance sur la plaine.

Je suis au volant d’un énorme camion, peut-être un 15 tonnes, je ne saurai pas te dire.

Les chevaux, le chopper et les bulls catchers partent de leur côté. Nous, les poids lourds partons du nôtre. L’ objectif, acheminer le matériel et mettre en place le premier camp. Et oui, surprise, nous mettrons 2 jours avant d’arriver à notre campement final.

Alors nous installons un premier campement de fortune en plein milieu d’un lac asséché. Puis, nous rejoignons l’équipe qui, elle, a commencé à rassembler les premières têtes de bétail. Je ne vais pas te décrire notre journée, toujours à peu prés sur le même tempo, rassembler et acheminer les bêtes vers notre premier stop.

Il fait chaud. 35°, pas d’air et de la poussière. La fatigue arrive vite. Après plusieurs pauses ravitaillement pour les hommes et les bêtes, la journée touche à sa fin.

Un autre balai commence, chacun récupère son swag ou sa tente et s’installe. Il y a le feu bien sûr au centre du campement, ce point de rassemblement où l’on passe le plus clair de notre temps, à discuter des opérations à venir, à boire une bière ou encore à manger et, disséminer dans un rayon de plusieurs centaines de mètres des tentes. Chacun trouve son espace.

C’est à ce moment précis que je prends conscience de l’immensité dans laquelle nous nous trouvons. Le chant des dingos au loin, l’appréhension de voir surgir un serpent ou encore un crocodile… seul au milieu de la nature avec pour simple protection une moustiquaire.

Lorsque je disais que je ne camperai jamais plus pareil, oui à ce moment j’en ai pris conscience. Toute tes peurs s’échappent en un instant, en tout cas pour moi. Ce moment où tu te glisses dans ton swag, la nuit noire autour de toi, le léger souffle du vent dans les branches, à contempler ce ciel étoilé sans aucune perturbation lumineuse ou visuelle.

Je suis comme un gamin, tu m’entends, comme un gamin émerveillé de voir aussi distinctement la voie lactée, de voir des étoiles filantes, d’apercevoir un feu de Bush au loin donnant cette couleur orangée si particulière à l’horizon.

Jamais plus je ne mettrai un top sur ma tente, jamais. Ce spectacle est envoutant, mais toi qui connait l’Australie, tu as déjà certainement vécu pareille expérience. Je ne sais pas si tu peux vivre cette aventure ailleurs, probablement si… pourtant dans l’outback, l’aventure c’est l’aventure. Tu prends conscience de ce que tu n’es rien dans cette immensité ! C’est beau, c’est reposant, voila, je touche du doigt le pourquoi ces gens, mes compagnons de cordée ne veulent pas partir d’ici, pourquoi ils n’aspirent à rien d’autre que çà. Cette quiétude, cette paix, c’est précisément cela que le visiteur vient chercher ici !

5 jours, mes meilleures nuits depuis si longtemps. Pas de réseau, pas d’internet, pas de radio, coupé de tout.

Je ne vais être original, alors je re-utilise pour la niéme fois le même mot, indescriptible, inimaginable. Les nuits bercées par le pas des chevaux autour des tentes, par le beuglement du troupeau si bruyant à quelques centaines de mètres. Cette atmosphère est surréaliste. Les veillées autour du feu, les couchés de soleil dans cet immensité.

Au milieu du yard, chaque soir lorsque le soleil commence à décliner, toujours le même spectacle, la poussière virevoltante, l’orange, le rouge… toujours le même, non, c’est encore différent ici, car au fond tu sais qu’après cela tu iras te coucher fourbu, évitant la douche tant tu rêves de calme. En revanche, oui, tous les soirs la même réflexion, la même étincelle dans le regard de tous les membres de l’équipe, assis sur les barrières de l’enclos à contempler l’horizon, « le plus beau bureau du monde ! ».

Et pendant ces 5 jours, le travail de processing, le même que nous avons réalisé précédemment, mais encore plus intense, car oui, au milieu de nulle part, la vie est beaucoup plus rude. La fatigue augmente chaque jour, les yeux se cernent, les gestes deviennent moins précis, les esprits s’échauffent parfois, mais rassure toi, la quiétude et le respect de l’autre reprennent très vite le dessus.

On l’a fait, on a réussi le job, il est temps de rentrer au bercail et reprendre forme humaine comme ils aiment le dire. La poussière sur le visage, les marques du bandanas, du chapeau ou de la casquette encore inscrites sur nos visages, les mains noires sont autant de traces de notre bonheur, autant de stigmates qui font que cette fois-ci encore plus qu’avant que nous sommes une équipe, une vraie, soudée.

Je réalise enfin la chance incroyable de vivre ce moment, avec ces personnes là, ces êtres qui sont entrés dans mon coeur, comme je suis entré dans le leurs.

Jamais 2 sans 3 ! Après cette seconde expérience en apesanteur avec la team, mon aventure dans le Kimberley me dirige vers mon 3eme mustering.

Cette fois-ci, la tâche est un peu différente, après avoir « managé » environ 2 000 têtes « familières » précédemment, nous nous attaquons à du bétail sauvage, pour la plupart des échappés des paddocks de travail ou des évadés des années précédentes.

La tension est palpable, même si le travail est difficile, nous rions tous ensemble, car comme je te le disais nous avons passé les préliminaires, nous nous connaissons et savons que nous pouvons compter l’un pour l’autre.

Tout çà est nouveau pour moi, après avoir managé mon équipe pendant 15 années,   j’ai choisi de travailler seul depuis 5 ans, ne voulant plus subir l’inertie et les traitrises de l’autre. C’est oublié aujourd’hui, je prends bonheur à être une part de cette équipe. Rien n’est au hasard, les personnalités sont rudes, sauvages mais foutrement justes et droites.

Mon image de « play boy » s’est effacée pour embrasser celle d’un vrai cow-boy. Si mon objectif dérangeait  les premiers jours, dorénavant je suis heureux qu’ils me demandent de les photographier et heureux que nous regardions ensemble ces images, rigolant à plein gosier !

Nous n’aurons jamais autant utilisé de mètres de fil de fer à consolider le cattleyards, encore et encore, ne laissant rien à l’à peu prés. C’est le signe que le bétail sera beaucoup plus rude et sauvage qu’à l’accoutumée. La moindre erreur de préparation et ce sera la catastrophe, nous perdrons des têtes et au pire l’un d’entre nous sera blessé.

Cet après-midi là, après de longues heures de labeur, nous sommes « off » sur le campement. La pression retombe en attendant le lendemain. L’équipe, les Hommes – et les femmes – ne se séparent plus, nous passons notre temps libre ensemble, pour certains comme moi, silencieux à observer les gestes, pour d’autres à discuter, à interroger, à demander.

Tels des animaux de la même meute, je passe le temps avec Byron et Brian, assis au bord de la rivière, écoutant le silence, se ressourçant. J’ai la prétention de croire que nous sommes devenus des « amis », notre silence n’est pas pesant, il est choisi, partagé. On se sourit, et on rit… aussi ! Les autres pêchent ou jouent à faire des ricochets. Bref, on passe le temps ensemble.

Daylight. C’est le signal, tu connais çà maintenant ! On ne rigole plus, la journée commence à 4:00am, il faut finir de vérifier le yard, la pression monte encore d’un cran.

Combien de têtes ? Personne ne sait. Je suis avec Roderick, encore une fois, je sens la tension dans son regard, dans ses gestes. Il espère beaucoup, c’est son gagne-pain ! Je comprends ses silences, drôle, il a le même âge que mon père et probablement le même caractère, il compte ses mots, mais il est juste. Les encouragements sont rares, mais le regard ne trompe pas.

Le chopper s’active, le bétail arrive enfin. Les bull-catchers se mettent en route, nous serons les premiers à pousser le bétail, premiers arrivés aux gates. Pierre et moi sautons de la voiture « Quick » – c’est le mot d’ordre pour boucler et sécuriser les portes avant que le bétail dans un effet de masse ne fasse demi-tour et défonce tout sur son passage !

La moisson est faible cette fois-ci,  peu de bêtes. Le chopper a fait de son mieux, la topographie est difficile, beaucoup d’arbres, de recoin, le bétail se cache et se joue de lui ! La déception se lit sur le visage de Roderick et sur celui de chacun des membres de l’équipe. Alors, on ne traîne pas, on processe, on charge le bétail non sans quelques sueurs froides. Le troupeau est comme nous l’avions imaginé, rude, vif et pas forcement friendly. Puis, le sourire revient sur les visages, la déception ne sert à rien, la vie est ainsi faite, passons à l’après… « we never know » !

Tout commence par une fin, hélas ou heureusement, parfois je ne sais plus.

Il est temps pour moi de tirer ma révérence, avec tristesse, et je dois bien te l’avouer avec encore plus de douleur cette fois-ci. Et pourtant, c’est la vie que j’ai choisi, aller à la rencontre de personnes extraordinaires, partager leurs quotidiens, sceller des liens indéfectibles, et puis partir, gardant au plus profond de mon coeur ces images, leurs sourires, leurs gentillesses, et parfois l’amour partagé !

C’est le coeur serré que j’ai annoncé à Alida mon départ, après 1 mois de travail intense au sein d’une équipe soudée. Je ne vais pas me paraphraser une fois de plus. Tu commences à me connaître, alors tu me comprendras, car toi, tu le sais, je ne peux capturer des portraits que si j’aime les gens, sincèrement. Ne te méprends pas, ici je ne parle pas d’amour ou de coucheries, je te parle de cet amour inconditionnel, celui qui t’éclabousse, ce coup de foudre d’amitié… celui-la même qui fait que dorénavant, ici en Australie, je compte bien plus d’amis sincères et véritables que dans mon propre pays.

Alors oui, je vais partir, et ce samedi n’est pas un jour comme les autres. D’une part parce que je ne savais pas que ce 4éme mustering était au programme et d’autre part parce que je ressens une pression plus intense au sein de l’équipe.

Cette fois-ci on ne « s’attaque » pas à des bêtes dociles, mais bel et bien à du bétail sauvage, hors des enclos et des terres de propriétaires. Ces bêtes sont des évadées, ou encore des reproductions à l’etat sauvage et pour certains des fuyards, survivant d’un accident de la route. Il y a quelques années, un road-train convoyant plus de 70 Bulls a répandu son chargement ici. Tu comprendras aisément que la tâche à venir est délicate, périlleuse voire dangereuse.

C’est au bord de l’highway que nous construisons de toute pièce le cattleyard. Brian, le régional de l’étape est à la tête des opérations. L’équipe connait maintenant son travail sur le bout des doigts, installation des panneaux, des Wings, sécurisation au maximum – et bien plus qu’à l’ accoutumée – de l’enclos, prêt à subir l’assaut des bêtes sauvages.

La fin de journée approche, Roderick, Dylan et Andrew font un dernier point. L’enjeu est important. Je ne peux pas t’expliquer ce qui m’a traversé l’ esprit, mais voila que je leur  lance ces mots, « Si vous avez besoin d’un coup de mains, je peux rester 2 jours de plus. No rush ». Enfin si je peux t’expliquer, enfin je crois, juste mon coeur et mes tripes qui ont parlé, crié ce qu’ils ressentaient au plus profond.

Tu ne peux pas laisser ton équipe sans avoir fini le travail, tu ne peux pas laisser tes amis dans la panade.

Pour la première fois depuis un mois, j’ai vu le visage de Roderick s’illuminer, se décrisper et laisser transparaitre de l’émotion. « Appreciate mate ! » Ce sont ces mots. Rappelle toi qu’il est en avare.  Mais ses mots et son visage veulent tout dire. Ce moment intense est gravé dans mon esprit – oui un de plus !  Alors oui, je resterai 2 jours de plus, à partager des moments de bonheur et de dur labeur avec mes amis, mes amis les vrais cow-boys australiens !

Bref, bref, bref… on bosse dur, on passe des moments inoubliables et on partage tous ensemble un dernier campement en plein milieu du Bush.

Comme prévu le lendemain, les bêtes sont sauvages, très sauvages et nous donnent du fil à retordre. Pas une fois, mais plusieurs fois nous sommes contraints d’arrêter le Processing, de sauter dans l’arène pour fermer ou contenir le bétail qui défonce tout !

La même pensée m’obsède et revient sans cesse, un peu comme le futur retraité, la veille du jour fatidique, « Tu vas finir par te blesser, fais attention, pas le dernier jour… » Heureusement pour moi çà n’arrive pas !  Je peux te dire pourtant j’ai eu chaud. De cette journée il ne me restera que des chemises en lambeaux, lacérées par les barbelés.

Jamais je n’avais vu des bêtes aussi féroces. Ces bulls sauvages étaient prés à s’entretuer les uns les autres afin de trouver une porte de sortie. A plusieurs reprises les barrières ont volé sous les assauts des taureaux.  Plusieurs panneaux ou portes d’accès seront littéralement fracassés, le couloir part en vrille, impossible de le remettre d’aplomb à la force des hommes. Pour que tu puisses imaginer la force du bétail, sache que nous avons dû utiliser les 4wd pour redresser les barrières ou encore contenir le troupeau ! Dans la bataille, nous perdrons quelques têtes…

C’est intense, c’est jouissif, mais on l’a fait ! Le bétail à peine chargé dans les camions directions le ranch, nous démontons tout… pour le remonter encore ailleurs ! Oui, tu entends bien, alors que l’on termine ici, c’est à plus d’une heure de route que tout notre convoi s’élance, pour préparer le prochain mustering, le dernier.

Dans la voiture, l ‘émulation du groupe, du travail accompli me prend aux tripes, plusieurs fois je m’entends penser et me dire «  Allez Sam, encore quelques jours de plus, tu ne vas pas partir ! » Mais les mots cette fois ci ne sortent pas. Il faut partir, il faut prendre une décision et s’y tenir.

C’est dur, difficile même. Je laisse mon groupe, je quitte mes amis.

Ce mardi là, le coeur serré, je salue mes co-équipiers. Après une poignée de mains, chacun aura à sa manière un mot gentil à mon égard. Entre 4 yeux, car dans la rudesse, on ne veut pas montrer sa tendresse, on reste digne et fort, mais je peux te garantir que l’émotion est là, elle n’est pas feinte.

Je suis ému mais digne comme eux. Ce seront des accolades chaleureuses avec mes 4 potes aborigènes, viriles, sincères.  Je suis extrêmement fier de çà, de leur reconnaissance pour le travail accompli ensemble mais surtout de l’amitié qu’ils m’ont donné.

Je retiendrai à jamais ces phrases parmi d’autres, témoignages de ce que fut ce temps ici up North. « You know where we are now. » Roderick, le taiseux et adorable s’il en est propriétaire de Diggers. « You are a fucking good bloke. » Brian, l’homme d’expérience, l’homme du terroir.

Bien sûr, dans tout çà je n’oublie pas tous mes autres compères, le but n’est pas d’écrire un roman, simplement de te partager quelques émotions . Maintenant tu sais, tu as les cartes en main pour dérouler le fil de mon histoire et comprendre ce qui se cache derrière chacune de ces images !

Enfin, je ne peux pas te livrer ce récit sans te préciser que tous ces cow-boys, même si évidemment ils élèvent le bétail à des fins commerciales, sont des passionnés. Ils aiment la compagnie du bétail, jamais au grand jamais il ne le maltraite. Ici tout est fait dans une certaine douceur, le bétail est roi.

Alors oui, je t’entends déjà me dire que c’est de la foutaise, tout çà c’est pour le pognon, tout çà c’est pour les bouffer. Oui.

Je suis vegan depuis 10 ans par choix, et pourtant tu vois, j’ai partagé cette aventure avec les plus gros viandards d’Australie. Ne juge pas, si tu manges de la viande, tu es un maillon de cette chaîne, si tu n’en manges pas comme moi, tu en es un témoin privilégié.

Dernière confidence, tous les soirs quasiment, alors que nous rentrions à la maison, traversant l’immensité, tous les soirs, Roderick ralentissait à la vue du bétail, et comme pour ces chevaux à la retraite, il s’approchait d’eux, et leur adressait des mots doux « Bonsoir Mesdames », « Bonsoir old ladies », « Salut les garçons! » … bref.

Cà, çà ne ment pas ! Tu ne peux être éleveur de bétail et faire ce métier aussi difficile soit-il sans aimer les bêtes. Je n’essaie pas de te convaincre, il y a des bons et des mauvais partout… ici à Diggers Rest Station, ils sont dans l’excellence !

Les + : Alida & Roderick Woodland, passionnés d’équidés proposent des treks ou horseback riding de plusieurs jours en autonomie en plein coeur du Kimberley, joyau du Western Australia.

☞ Diggers Rest Station
– King River Rd – Wyndham WA 6740
Website : http://www.diggersreststation.com.au/
Instagram : @diggersreststation
Google Maps : https://goo.gl/maps/6ucpdEq8RpJYPpJe8

 


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